dimanche 8 juin 2014

TGV 6969


    Il était là, juste en face d'elle, comme un electron libre pris au piège de ses lèvres.
    Au début, lorsqu'ils étaient tous les deux face à face, debout, juste au départ, avant de trouver sa place, il l'avait regardée droit dans les yeux. Du moins, c'est l'impression qu'elle avait eue. Elle avait soutenu son regard et là, le temps d'un quart de seconde, elle avait ressentie ce drôle d’envoûtement déjà connu, déjà vécu. Lui bien sur, elle ne l'avait jamais vu, mais ce qu'il déclenchait en elle, elle le percevait, elle le reconnaissait, elle pouvait mettre un nom dessus. Rivés l'un à l'autre, ils ne se lâchaient pas et bien qu'elle sut d'avance qu'elle céderait la première, elle s'amusait à se faire peur, en ne bougeant pas, en ne respirant pas, en ne quittant pas le fond de son iris. Vert, bien sur, il ne pouvait être que vert puisque les hommes qu'elle préférait de tout temps étaient bruns aux yeux verts. Alors celui-là qui s'était posé en face d'elle comme dans un film, il était exactement comme dans ses rêves; Long, mince, carré, les cheveux en bataille, le regard clair et le visage ravagé par la vie qu'il n'avait pas vécue et celle à laquelle il s'astreignait.

   Elle, en le fixant, se demandait quel effet elle pouvait bien lui faire et si c’était le même...Toute droite, bien calée sur ses deux pieds comme à son habitude en situation de danger et surtout pour éviter que ses jambes ne tremblent, elle sentait déjà le flux léger remonter de sa cavité. Elle adorait cet instant où le désir devenait concret pour se liquéfier d'abord dans sa tête avant de prendre corps très haut, entre ses cuisses. Cet homme là, toujours en face d'elle, qui ne bougeait pas plus qu'elle, même pas pour s’asseoir, devinait le filet qui doucement filait de sa tête à son corps. Elle serrait les jambes aussi fort qu'elle le pouvait comme si, tout à coup, ce filet devait grossir, devenir énorme, large, dense, incontrôlable, comme s'il allait lui échapper pour se transformer en immense flaque sous sa robe et que chacun pourrait y lire le désir pressant, inconditionnel, absolu qu'elle avait de cet homme là, rivé en face d'elle depuis de longues minutes. Lorsqu'elle quitta son regard, ce fut pour descendre le long de son torse et s'accrocher à son ceinturon. elle ne voulait pas plus. Elle ne voulait pas descendre. elle s'interdisait d'aller plus bas. pour éviter l’inévitable, elle songea à ses impôts, évalua sa charge de travail, réfléchit à son planning...Elle tenta de se concentrer sur les choses les plus désagréables qui soient pour elle, tout ce qui  la retenait à terre, la piégeait dans un quotidien professionnel, pour ne pas descendre, pour ne pas chuter, pour ne pas constater ce qu'elle savait déjà: elle faisait bander autant qu'il la faisait mouiller.

    C'était bon ce sentiment de faire triquer un homme, un inconnu, surtout lorsque l'homme est beau et qu'il ne regard que vous. Pour prolonger cette extase de l'instant qui ne revient jamais, ce desir insensé d'une peau, d'un ventre, d’une verge et de couilles à saisir, elle se força à faire le chemin inverse, à remonter le long de ses tétons qu'elle percevait durs et pets pour elle, à effleurer son cou et à faire une longue pause sur sa bouche. Et là, elle n'aurait pas du, là fut son erreur. lorsqu'elle fixa sa bouche, il était entrain de la mordre au sang lui révélant par ce simple geste l'envie furieuse qu'il avait d'elle. Elle n'aurait pas du s'attarder...

Extrait de "Pulsions de femmes"

Vanessa POINTGER

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