samedi 23 juillet 2011

Aimée ou Le livreur de Sushis


"- Essaie encore !
- Je te dis que c'est occupé...
- Recommence !
- Tu m'emmerdes ! Ça fait dix fois que j'appelle, tu n'as qu'à appeler, toi...
- Ok passe-moi le téléphone...
- Et si, pour une fois, on commandait autre chose ?
- Autre chose qu'une pizza royale ? Tu préfères une "quatre fromages" ?
- Non, autre chose qu'une pizza !
- M'enfin mon coeur, tu adores la pizza, d'habitude ! Tu vas voir, le porno que j'ai loué va te plaire...j'en suis sûr ! On va passer une super-soirée...Comme samedi dernier...
- Oui, comme samedi dernier, et le samedi d'avant, et encore de lui d'avant...On pourrait pas changer un peu de programme ?
- Enfin, M'amour, ça va pas ? T'es fatiguée ? Tu vas pas me dire que tu as mal à la tête ? J'ai tellement envie de toi...Il avait si malheureux qu'elle n'osa pas se lancer dans la grande tirade qu'elle préparait depuis des jours. Pourtant elle était bien décidée à lui dire enfin la vérité. elle ne pouvait plus continuer comme ça.

 Elle l'aimait, son Stéphane. Depuis sept ans qu'ils vivaient ensemble, elle n'avait jamais regretté de l'avoir épousé.
 Il était gentil, doux, attentionné, tendre, toujours prêt à lui faire plaisir. Il ne traînait pas au bureau, n'allait pas au bar, ne jouait pas au foot, ne draguait pas ses collègues et ne lui avait jamais reproché d'être stérile.
 Leurs amis les considéraient comme un couple idéal, et c'est vrai qu'aucune dispute n'avait jamais assombri le ciel bleu de leur vie. pas un nuage, pas un orage et c'était vrai qu'elle était jolie.
Lui aussi était séduisant lorsqu'ils s'étaient rencontrés. mais au fil des années, il avait perdu ses cheveux et les bons petits plats aidant, il s'était empâté...
Cela ne la dérangeait pas. elle l'aimait. Mais elle s'ennuyait.
 Il était réglé comme du papier à musique: la semaine, debout 7 heures, départ à huit. Retour à la maison à 18 heures. Balade du chien. Dîner, infos, film et dodo.
 Le vendredi soir, ils dînaient avec Fred et Isa, leurs amis de toujours. Chez l'un ou l'autre des deux couples mais jamais au restaurant.
 Le samedi, courses au supermarché, un petit tour dans la galerie commerciale, déjeuner puis ménage à fond et lustrage de la voiture, comptes et paperasses administratives. Dîner plateau devant les programmes de Drucker. Au lit dès la fin du générique pour accomplissement du devoir conjugal, vite fait, bien fait. et dodo.
 Le dimanche, Stéphane se levait pour aller chercher les journaux et les croissants et lui apportait le petit déjeuner au lit, puis elle faisait une heure de repassage pendant qu'il bricolait, avant d'aller déjeuner chez leurs parents, un week-end chez ceux d'Aimée, un week-end chez ceux de Stéphane.
Balade main dans la main, avec le chien. Toujours le même itinéraire. Ils rentraient à la maison. Il lui faisait couler un bain mais quittait la pièce avant qu'elle ne se déshabille. Pendant qu'elle se relaxait dans l'eau en lisant des magazines féminins où on lui expliquait toutes les subtilités de l'orgasme, il dévorait Auto-moto, sur le canapé du salon.
 Sortie du bain, elle cuisinait et congelait les plats pour la semaine que Stéphane étiquetait avec précaution: Lundi, rôti de porc-coquillettes, mardi,escalopes-jardinière de légumes, mercredi, endives au jambon et ainsi de suite. Comme il rentrait avant elle du travail, il savait ce qu'il devait décongeler pour le dîner. Quand elle arrivait, tout était prêt.
 Il n'oubliait jamais un anniversaire ni une fête et lui offrait un bouquet de roses jaunes (toujours jaunes parce qu'elle avait eu l'étourderie de dire un jour qu'elles étaient ses préférées), tous les sept du mois, parce qu'ils s'étaient rencontrés un sept!
 Leur petit appartement était très confortable.
 Ils passaient une semaine à Tignes en hiver. toujours la même période, toujours le même hôtel, toujours la même chambre.
 En été, ils partaient quinze jours à la campagne, dans la famille de Stéphane, et quinze jours dans la belle villa de Porto-Vecchio que leur prêtait gentiment le patron d'Aimée.
 Elle avait un bon métier. Elle était la secrétaire particulière du PDG d'une PME qui fabriquait les bouteilles en plastique. C'était un monsieur d'un certain âge, très gentil et avec lequel elle aimait travailler.

 Une vie parfaite...Mais qu'est-ce-qu'elle s'emmerdait !
 Personne n'aurait compris qu'elle se plaigne. elle avait tout pour être heureuse.
 Et puis, à qui se serait-elle confiée ? Dans son entreprise, elle était la seule femme. Elle n'avait pas d'amie, mise à part Isa. Or Isa était bien la dernière personne à qui Aimée aurait ouvert son coeur. Elle n'aurait pas compris. Fred, copain d'enfance de Stéphane, était très dur avec elle. Supporter de l'OM et coureur de jupons à ses heures, il l'avait même violentée à deux reprises. Elle ne partait pas à cause des enfants et enviait le bonheur de son amie. Elle aurait donné n'importe quoi pour échanger sa place contre celle d'Aimée.

 Aimée avait essayé de parler à Stéphane, un peu plus de deux ans auparavant. elle lui avait expliqué qu'elle voulait rompre la monotonie de leur vie.
 Comme tout était mêlé dans sa tête, elle avait tenté de lui faire comprendre son ennui, tant sexuel que général. Elle l'avait supplié de mettre du piment dans leur vie.
 Stéphane avait pris les demandes d'Aimée très à coeur. il l'avait inscrite à un cours de danse africaine le mercredi soir et il avait pris un abonnement dans un vidéo-club pour y louer des films porno.


 Il faut dire qu'à part une ou deux nouvelles positions, rien n'avait changé. Stéphane la caressait maladroitement, lui faisant plus mal qu'autre chose, et jouissait trois minutes après la pénétration. Il pensait lui apporter tant de plaisir qu'elle n'osait rien lui dire.
 En fait, ce qui la désespérait, ce n'était pas ce désert sexuel. Peu-être était-ce sa faute, peut-être était-elle frigide. Non, ce qu'elle ne supportait plus, c'était la régularité de leur vie. elle avait envie de tout casser mais elle n'osait pas.

- Et si on se faisait livrer des sushis ?
- Des quoi ?
- Des sushis!
 En réalité, elle ne savait pas vraiment ce qu'étaient des sushis mais elle en commandait fréquemment pour son patron, quand ce dernier restait au bureau entre midi et deux pour boucler un dossier. et elle avait lu, toujours dans ces chers magazines, que ces préparations japonaises à base de poisson cru étaient délicieuses et très en vogue dans les milieux branchés.
- Oh! ça y est. Ça décroche, M'amour. Allô?...Oui, bonjour, c'est monsieur Lefevre... Oui, s'il vous plaît...Une grande "Royale", comme d'habitude...Vingt minutes?...Super! Merci...Bonne soirée !
 Raté pour les sushis. Raté pour le changement, raté encore une fois...
 Elle s'assit à côté de lui, résignée à regarder, sur leur Home Cinéma dernier cri, de mauvais acteurs pénétrer des actrices aux seins siliconés qui hurleraient pour simuler sans conviction un orgasme hypothétique en lançant à l'attention du téléspectateur des oeillades salaces et vulgaires prétendument torrides. La caméra montrerait en gros plan les traces d'un plaisir feint et , ce soir encore, elle s'endormirait frustrée, à côté du corps flasque de l'homme qu'elle aimait mais qui ne lui apportait aucun plaisir...

 Le téléphone sonna. Qui pouvait bien appeler à cette heure ?
 Stéphane décrocha et après un rapide "Bonsoir, monsieur", lui tendit l'appareil.
- M'amour, c'est pour toi. C'est ton patron.
Son patron ? En sept ans, il ne l'avait jamais appelée à la maison.
- Madame Lefevre, je suis confus de vous déranger un samedi soir. J'ai un gros problème. Le dossier pour la société Durand, vous voyez ?
 Oh oui ! Elle voyait bien...Ils y avaient travaillé des heures. C'était un contrat très important pour l'entreprise. Son patron avait rendez-vous avec le client lundi matin à la première heure, et ils avaient fini vendredi soir sur les chapeaux de roues pour boucler la présentation.
- Oui, monsieur ?
- Eh bien, aujourd'hui, en refaisant des calculs, je me suis rendu compte qu'un des tableaux était faux. Je suis venu au bureau pour le modifier et le réimprimer. j'ai utilisé votre ordinateur. je n'aurais jamais dû.
Vous savez que je ne suis pas très à l'aise avec ces maudites machines. j'ai fait une mauvaise manipulation. J'ai effacé la totalité du dossier...
- Oh, merde ! Heu, pardon...
- Non, vous avez raison, c'est une catastrophe.
Je suis incapable de m'en sortir tout seul. pouvez-vous venir travailler demain ? Bien-entendu, je vous dédommagerai largement !
- Mais enfin, bien sûr, monsieur ! Je serai là à 8h30.
 Alors qu'elle raccrochait, elle vit le regard désespéré de Stéphane qui ne s'imaginait pas passer un dimanche sans elle.
 elle bredouilla une vague excuse à son attention.
- Pour une fois, je ne pouvais pas dire non...Et puis, je serai payée en heures sup.
 Il ne répondit rien, éteignit la télé et alla se coucher. Il n'avait plus faim. Il n'avait plus envie de regarder son porno.
 Elle aurait pu aller le rejoindre. elle aurait pu lui expliquer que sa réaction était exagérablement puérile. Mais elle n'en fit rien. elle mangea seule sa pizza royale et, pour la première fois depuis sept ans, elle profita en égoïste du confortable canapé, en regardant un documentaire sur la Cinq, tout en savourant sa joie d'avoir, enfin, un imprévu dans sa vie.

 Le lendemain, elle arriva à l'usine en même temps que son patron. Ils travaillèrent d'arrache-pied toute la matinée, mais elle savait qu'il lui faudrait la journée entière pour remonter le dossier dans son intégralité. Son patron trépignait. Sa fébrilité était telle qu'au lieu de l'aider, il lui faisait perdre du temps. Sa nervosité la gagnait et elle était tellement concentrée que les muscles de son cou en devenaient douloureux.
- Et dire que c'est justement aujourd'hui que ma fille amène pour la première fois à la maison les parents de son fiancé ! Elle ne me le pardonnera jamais...
- Mais rentrez déjeuner chez vous, j'ai au moins trois heures de frappe pendant lesquelles vous ne pouvez rien faire. Revenez vers 4 heures pour relire.
- Vous êtes sûre ?
- Mais bien sûr, filez !
- Aimée, vous êtes une perle ! Qu'est-ce que je deviendrais, sans vous...
Le compliment la fit rougir d'aise.
Il allait partir quant il revint sur ses pas.
- Et vous, vous avez prévu quelque chose pour le déjeuner ?
- Non, je n'y ai pas pensé.
- Eh bien, commandez-vous des sushis. Vous avez le numéro. Et bien entendu, la facture est pour moi !
 Elle ne se fit pas dire deux fois. Elle allait enfin goûter ces fameuses recettes nipponnes. Ce dimanche lui paraissait décidément bien agréable.
 Elle travailla encore un long moment après son départ. Elle avait peur de ne pas pouvoir finir dans les temps. La pression était telle que tout son corps lui faisait mal.
 A midi, tiraillée par la faim, elle décrocha le téléphone pour commander exactement le même menu que celui qu'elle réservait habituellement à son patron.
 Elle raccrocha et recommença à frapper. Elle avait très mal dans le cou et les épaules. Elle se leva et fit deux ou trois mouvements d'assouplissement et d'étirement avant de se rasseoir devant l'écran.

 Cette petite pause lui fit grand bien et instinctivement, avant de recommencer à frapper, elle essaya de comprendre ce que son employeur avait bien pu fabriquer pour perdre le document original. Une rapide recherche dans le menu explorateur lui permit de se rendre compte que le dossier était tout simplement dans la corbeille de l'ordinateur et qu'elle n'avait qu'à le restaurer. Elle se mit à rire et décrocha le téléphone pour le prévenir. Mais elle se ravisa aussitôt. Elle n'avait pas envie de rentrer chez elle. Elle était très bien, seule,dans cette grande usine totalement déserte et silencieuse...Elle allait profiter de ce moment de solitude et de quiétude. Elle allait manger ses sushis et , après, elle aviserait.
 Elle mit un CD de musique relaxante dans le lecteur de l'ordinateur et poussa le son à son maximum. bien calée sur sa chaise, elle posa ses pieds sur le bureau, ferma les yeux et se laissa aller, tête renversée. Sa jupe remonta haut sur ses cuisses, bien au-dessus du liseré de ses bas top.
 Bercée par la musique, elle répétait "sushi" à haute voix. Elle trouvait ce mot érotique. Sushi...Elle ressentait au fond de son ventre une excitation qu'elle n'avait jamais connue.

 Elle n'entendit pas la camionnette du traiteur pénétrer dans la cour de l'usine. Elle n'entendit pas le livreur entrer dans son bureau.
 Elle était perdue dans ses pensées douces. Son cou la faisait souffrir et elle faisait des mouvements de balancier de droite à gauche pour essayer de faire passer la douleur.
 Eut-elle tout de suite conscience que le bien-être qui l'envahissait était le résultat d'un massage que deux mains inconnues étaient en train de lui prodiguer ?

 En tout cas, elle ne bougea pas. Des doigts experts lui massaient doucement les tempes, et cette imperceptible pression était divinement exquise. Elle sentait son corps s'alanguir mais, dans un sursaut, elle essaya de se redresser.
 Les mains glissèrent sur ses épaules et, toujours avec une extrême douceur, lui intimèrent de rester dans cette position.
- Qui est là ?
- Le livreur de sushi. Vous attendiez quelqu'un d'autre ?
 Son accent asiatique était léger mais indiscutablement audible. sa voix était jeune et sensuelle.
 Comme pour la rassurer, il vint poser la commande sur son bureau, et elle put voir son visage. Il était jeune, très beau et avait une infinie douceur dans le regard.
 Instinctivement, elle eut confiance en lui. instinctivement, elle eut envie de lui.
 Il la regardait intensément, de ses yeux noirs comme du jais.
- Vous êtes très belle.
- Merci.
- Si vous avez mal au cou, je peux vous masser pour vous soulager. Je travaille comme livreur pour payer mes études de kiné.
- Je vous remercie mais je ne voudrais pas abuser...
- Tout le plaisir sera pour moi.
 Il revint dans son dos et recommença à lui masser très doucement les vertèbres cervicales.
- Vous avez des doigts en or...
- J'étudie également la médecine orientale et les massages shiatsu.
- Connais pas.
- Laissez-moi vous faire découvrir.
- Je n'ai pas le temps ! Mon patron va revenir !
- Dans combien de temps ?
- Il sera de retour vers 3 heures.
- Alors, nous ne sommes pas pressés. Et il avait raison, il était à peine midi et demi.

 Ses doigts revinrent masser ses tempes, en d'imperceptibles mouvements circulaires. Ces pressions régulières et précises la détendirent au point d'avoir le sentiment que du champagne coulait dans ses veines. les yeux clos, elle s'en remettait aux mains expertes du jeune homme, qui lui apportaient un bien-être qu'elle ne soupçonnait pas. elle avait l'impression d'être libérée de son corps, de flotter. elle aurait voulu que ce massage ne s'arrête jamais, mais les doigts partirent à la découverte de son cuir chevelu. Il massa chaque centimètre carré de son crane. Les mains redescendirent dans son cou. Il s'interrompit pour déboutonner son corsage et faire glisser l'étoffe sur ses épaules. Il repoussa également les bretelles de son soutien-gorge qui retombèrent mollement le long de ses bras.
 Il lui massa alors les trapèzes. Ils étaient douloureux, mais il parvint à détendre chaque muscle, avec patience et douceur jusqu'à ce qu'elle ne ressente plus que du bien-être.
 Il attrapa ses jambes et les posa délicatement sur le sol avant de reculer le fauteuil et vint s'installer entre elle et le bureau.
 Il la libéra de son corsage et elle se retrouva face à lui, en soutien-gorge, le coeur battant.
- Vous n'avez pas peur ?
- Un peu...
- Vous voulez que je m'en aille ?...
- Non, surtout pas.
- Alors, laissez-vous faire.
 Il ouvrit la boîte de sushis et, à l'aide d'une paire de baguettes en bois blanc, saisit une pièce qu'il approcha très lentement de ses levres. Elle ouvrit la bouche et il la deposa délicatement sur sa langue. elle découvrit le goût de ces fameuses péparations japonnaises avec un sentiment d'extase.
 Avec la pointe des baguettes, il dessina sur son corps de vastes courbes en l'effleurant à peine, et le contact subtil du bois rêche la fit frissonner.
- Vous avez froid ?
- Oh! non! Au contraire!
 Avec des gestes d'une lenteur incroyable, il degagea ses seins de leur prison de satin et reprit la danse infernale des baguettes en jouant sur sa peau une symphonie de douceur.
 Ses mouvements étaient si fluides et si gracieux qu'elle le devinait à peine bouger. Il attrapait les pointes de ses seins entre les deux baguettes en exerçant de légères pressions, à peine perceptibles.
 Jamais elle n'avait été aussi excitée. Son ventre brûlait, et elle avait une envie folle de faire l'amour avec cet homme. Elle sentait son sexe s'innonder.
 Ses mains avancèrent, l'une vers la braguette de l'inconnu, l'autre vers son ventre à elle. Mais il arrêta son geste.
- Patience, ce n'est pas encore le moment. Ne soyez pas si pressée. Ne bâclez pas tout! Vous, les Occidentaux, vous voulez toujours tout, tout de suite et, en conséquence, vous n'appreciez pas les choses. Languir, répétez ce mot.
 Elle ne broncha pas. Il insista.
- Dites LANGUIR !
 Elle le murmura plutô qu'elle ne le dit et comprit en le prononçant qu'il y avait une réelle sensualité dans ces sept lettres.
Il reprit:
- Languir est un de mes mots préférés. En japonais, on dit dêng dài. Le secret du plaisir réside dans la capacité à savoir languir. Chaque seconde d'attente décuple la puissance de la jouissance à venir. Elle respira profondément et laissa ses bras retomber sur les accoudoirs de son fauteuil.

 Pendant encore un long moment, il parcourut son corps avec les baguettes puis il effleura sa peau du bout des doigts, par petites touches. elle avait l'épiderme en feu. Le contact était si léger qu'elle avait l'impression d'être caressée par des milliers de plumes.
 Les pointes de ses seins étaient dures comme des crayons, et sa gorge se soulevait à un rythme accéléré.
 Elle avait les yeux clos. Sans qu'elle s'en rende compte, et sans interrompre ses caresses, il ôta prestement sa combinaison de livreur, pour ne se retrouver qu'en caleçon. Quand elle rouvrit les yeux, elle découvrit un corps nerveux et sec, un torse imberbe, aux pectoraux très développés.
 Ses mains vinrent à la rencontre de cette peau inconnue et ses doigts commencèrent à pétrir la chair.
- Doucement! Ne me touchez pas. Frôlez-moi...
 Sa voix était d'une sensualité infinie.
- Découvrez mon corps par effleurement. Là, comme ça...Sentez comme c'est bon.
 Les doigts d'Aimée se firent velours pour repartir à la découverte de ces formes inconnues. La lenteur et la legereté de ses mouvements lui permirent de ressentir des ensations nouvelles. Elle sentait les muscles nerveux du jeune homme saillir sous sa peau ambrée."

Extrait de Onze nouvelles à lire seule...

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